Chapitre 2 : Monnaie courante Malgré le vent frais et les gouttes d’eau tombant sur ses joues, Mayu réussit à avoir assez chaud, les membres toujours engourdis par la fatigue, ou plutôt la somnolence, due au long trajet qu’elle venait d’accomplir sans bouger de son siège. En effet, elle venait d’accomplir un voyage d’une journée entière, le train qu’elle avait pris y compris, et ses muscles protestèrent face à l’appel quelque peu soudain d’exercice.
Elle s’étira autant qu’elle le put et émit un long bâillement, sans même prendre la peine de mettre sa main devant sa bouche, à la façon d’un chat.
Evidemment, je suis un chat. Quoi... ?
C’était quoi… Cette pensée ?
« -Eh oh, la petite sirène ? Je te cause ! »
Secouant sa tête comme pour effacer les délires de son esprit, Mayu observa le chauffeur, qui, réajustant sa cravate dans un signe de gêne, la regardait sans comprendre.
Se retrouvant face à lui, elle se rendit compte qu’elle ne voyait que maintenant son visage. Il avait des yeux verts, assez petits, mais très expressifs, encadrés par une chevelure sombre et assez négligée. Malgré l’élégance de son uniforme, il avait une allure un peu gauche. Elle était incapable de lui donner un âge précis.
Il n’était pas sensé être comme ça. « - …Et donc, ma belle, si t’as des questions, t’as qu’à demander à la mairie juste en face. »
Il ne prit pas une grande attention à Mayu, qui, pâle, le regardait sans le voir, ailleurs, écoutant cette voix qu’elle ne connaissait pas, qu’elle ne comprenait pas, dont elle commençait à avoir peur. Le chauffeur se gratta l’arrière de la tête et commença à redémarrer le taxi.
Juste avant que la voiture ne parte dans un crissement de pneus, l’homme, derrière le rétroviseur, dans un mélange d’excuse et d’adieu, lui fit un signe de la main, maladroit mais touchant à sa manière.
Mayu lui répondit, tentant d’ignorer la voix désagréable et inconnue qui continuait de résonner dans toute sa tête.
Il n’était pas sensé être humain comme ça. ***
« - Eh, à ce qu’il paraît y’a un nouvel habitant qui aménage aujourd’hui !
- Arrête, encore ?
- Ouaip, le vieux Nook est généreux ces temps-ci, je me demande quelle mouche le pique.
- A mon avis il va organiser une collocation, il n’y a pas assez d’espace pour tous les habitants.
- J’espère c’est un beau garçon, si c’est un nouveau… Tous les beaux mecs sont déjà pris dans cette ville de ploucs.
- …Insinuerais-tu que je suis moche ?»
C’était encore une journée ordinaire à Lindertown, petit village de campagne pour le moins retiré et étrangement effacé de toutes les cartes, mais faisant en tout cas la fierté de ses habitants, ou tout du moins de son maire.
Le village portuaire semblait regrouper à peu près toutes les ressources du pays dans une version miniature ; des bois aux arbres fruitiers, un petit musée, une rivière divisant le territoire en deux, quelques boutiques… Et évidemment des habitants adeptes aux ragots.
Toujours était-il que le milieu urbain provoquait fréquemment la nostalgie des villageois à un moment ou à un autre, et ceux-ci quittaient la petite communauté pour partir dans un nouvel endroit, à la façon de ces moineaux vagabonds, laissant la place à des nouveaux venus.
Le déménagement et l’emménagement des habitants était monnaie courante, et quand bien même un départ soudain pouvait parfois briser des cœurs, une nouvelle arrivée était toujours une source d’impatience et de curiosité.
Une cliente du Perchoir referma son tube de vernis à ongles et jeta un coup d’œil à la fenêtre depuis le café, comme espérant d’y voir quelque chose d’inhabituel, bien que sachant pertinemment que sa vue donnait sur la mer et qu’il était impossible d’y voir quoi que ce soit d’autre que la rayure de sable constellée de coquillages.
Elle portait une robe *****, très voyante mais lui allant bien. Une écharpe bleue marine lui réchauffait le cou et ses cheveux sombres étaient coiffés en un chignon, par-dessus lequel était logée une grosse paire d’écouteurs. Elle se réchauffa les mains autour de sa tasse de capuccino avant de la ramener à ses lèvres maquillées. But une gorgée et poussa un très léger soupir de satisfaction.
Calypso contempla ensuite ses mains aux ongles parfaitement soignés, poussa un soupir et murmura sans une seule once de plainte, comme un simple constat ;
«- Je m’ennuie tellement ici. »
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Pour ce chapitre, quelques points: - Les phrases un peu bizarres qui viennent sans qu'on comprenne vraiment pourquoi sont bien les pensées de Mayu, quand à leur véritable nature, il m'est impossible de la relever tout de go.
- Eh oui, les personnages de cette fic seront tous adaptés en humains, les puristes me cracheront dessus mais j'estime avoir des bonnes raisons de le faire. En effet, ça m'éclate, c'est dans les besoins du scénario, ça permet d'éviter les clichés et... Bah disons que je prévois un peu de romance dans le truc et pour tout vous dire... La zoophilie n'est pas mon fort .w."
- Laissez un commentaire s'il-vous-plaît, c'est gentil, ça me donne envie d'écrire la suite et c'est poli.